L’EMPLOYEUR ET LES SALARIES FACE AU COVID
Le monde entier vit une situation inédite avec la Pandémie du COVID-19.
Tous les pays sont en alerte maximale par l’adoption de plan d’urgence sanitaire afin de répondre au mieux à cette crise.
Au cœur de ces plans, les entreprises essaient de s’organiser. En effet la crise du COVID-19 leur impose repenser leur organisation de travail en vue de s’adapter elles-mêmes à ce nouveau contexte et ce de toute urgence.
Même si les mesures prises se rejoignent dans l’ensemble, les différences résident surtout dans les moyens (économique, légal, médical, humain) dont disposent les État et les entreprises. Comme il fallait s’y attendre, notre continent l’Afrique dispose de peu de moyens même si l’on compte peu de cas en ce moment sur le continent à ce jour. Les entreprises africaines bénéficient à cet effet de peu de mécanismes gouvernementaux pour assurer leur survie et préserver les emplois des salariés.
De nombreux articles et communications et ont été faites pour proposer des solutions et aider les entreprises et les salariés à surmonter la crise. Ils abordent :
•Les obligations légales des employeurs ;•Les mesures préventives à mettre en place•Les actions pour accompagner éventuellement le confinement ;•L’organisation du travail (télétravail, gestions des congés, etc.)•La place des entreprises dans les plans d’urgence sanitaires nationaux
Malheureusement ces « magnifiques » articles et communications perdent de vue la substance même des conséquences de cette crise.
La crise est aussi et surtout humaine et au-delà d’une réponse organisationnelle, légale, conventionnelle d’État, nous devons nous rappeler qu’elle a une grande dimension humaine, psychologique impliquant deux parties, l’employeur et l’employé.
En effet, rappeler à l’entreprise de manière constante ses obligations, c’est occulter le fait qu’elle est aussi durement touchée par la crise et qu’elle doit tout faire pour survivre en maintenant son activité. À ce titre elle se pose moins de questions sur les autres aspects de son organisation mais elle songe à préserver ses acquis et être à même de repartir à la fin de la crise.
Dans cette orientation, le salarié a bien entendu un rôle à jouer en contribuant par ses compétences, son adaptabilité aux nouveaux besoins et enjeux et surtout son engagement.
Toutefois, cette lecture reste encore superficielle et n’aborde pas les besoins existentiels de chacune des parties. Essayons une autre approche analytique de la situation.
L’employeur a une approche globale portant sur le business, ses clients, l’adaptation de ses processus et des coûts pour la survie dudit business.
D’un autre côté le salarié place sa confiance directement en la survie de l’entreprise afin de lui permettre de répondre à ses engagements personnels et familiaux dans un contexte africain où les pressions sociales, culturelles sont fortes.
Ces besoins semblent à première vue antinomiques et non perceptibles dans la gestion du COVID-19
Alors la grande question est comment concilier ces deux besoins et permettre à l’entreprise de survivre en bénéficiant de la pleine adhésion des salariés ?
La communication
La première action de l’employeur est l’adhésion de ses salariés à ses nouvelles orientations occasionnées par le COVID-19. C’est pourquoi son premier outil reste la communication. En effet, les salariés adhèrent plus facilement à un projet quand ils comprennent et qui répond à un besoin ou à un objectif partagé.
La communication, donc la transmission de l’information doit être UJCV :
•Utile•Juste•Complète•Vérifiable
Mieux informés, les salariés seront mieux armés pour affronter les défis. L’objectif est d’installer un climat de confiance entre employeur et salariés afin qu’ils affrontent ensemble tous les problèmes à venir et soient capables de faire les sacrifices éventuellement imposés en vue de la survie.
L’accompagnement et le soutien face à la pression psychologique du salarié
Le télétravail peut nous faire perdre de vue, l’importance du rapprochement et de la compréhension de l’état des salariés. Dans un contexte différent, nous nous voyons et ressentons ou percevons plus ou moins l’état des salariés. La distance que nous avons créée en ce moment du fait de l’organisation du travail doit être comblée.
Comment les salariés vivent la situation ?
Des dépressions ?
Des pressions sociales, psychologiques ?
Des besoins non exprimés ?
Des craintes ?
Il faille impérativement que l’entreprise soit présente pour ses collaborateurs au risque de le payer lourdement (perte de talent) au retour à la normale des activités.
Pour ce faire les Managers et Dirigeants ont un rôle à jouer :
- Faire preuve de compassion, même en travaillant à distance. En d'autres termes, ils doivent s'assurer que leur équipe reste régulièrement en contact et ils doivent favoriser leur sécurité psychologique en encourageant un retour d'information saine, et en rappelant le but de leur travail tout en assurant leur sentiment d'appartenance.
- Communiquer énormément pour stimuler l'engagement et détecter les problèmes potentiels du staff.
- Au besoin, apporter un soutien externe au personnel - médical, psychologique - en particulier pour ceux qui peuvent avoir besoin d'attentions particulières (certains peuvent avoir perdu des membres de leur famille, souffrir de détresse ou d'une période traumatisante).
En définitive, le COVID-19 est un excellent test de mesure de la relation entre les salariés et leur entreprise et chacun doit jouer sa partition afin de surmonter cette épreuve ensemble.
Depuis le début de cette crise, beaucoup de voix se sont faites entendre pour annoncer sa fin en partant des plus optimistes et au plus pessimistes et chaque échéance donnée a été repoussée malheureusement. Cette réalité affecte psychologiquement le staff qui perd tout espoir. Nous devons en tirer une leçon très importante : « ne jamais confondre notre foi en un dénouement heureux et la discipline que nous nous imposons pour affronter les aspects les plus durs de notre réalité présente quels qu’ils soient ». Cette citation de Jim COLLINS tirée de son livre De la performance à l’excellence nous ramène au paradoxe de Stockdale pour affronter cette pandémie : garder confiance quant à ses capacités à gagner, quelles que soient les difficultés Et en même temps faire face à la plus brutale des réalités, quelle qu’elle soit.